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tes : il te faudra de nouveau gémir, de nouveau pleurer une autre année.

II.

Unoiseleur jeune encore, qui, dans un bois epais, dressait des embûches aux oiseaux, aperçut le volage Amour posé sur une branche de buis. Ravi de joie a la vue , de cet oiseau qui ·lui semblait fort grand, il unit tous ses gluaux et suit des yeux l’Amour qui voltige çà et là. Le jeune oiseleur, dépité de son peu— de succès, jette ses gluaux, va trouver un vieux laboureur dont il avait ap- pris les secrots de cet art,_lui dit la chose et lui montre l’Amour posé sur une branche. Mais le’vieillard sourit en secouant la tète et répond à l’eni`ant: «Garde-toi d`une telle pipée, ne poursuis pas cet oiseau; fuis au loin , c`est une bête méchante. Tu seras heureux tant que tu ne le prendras pas ; mais quand tu auras atteint l’àge viril, cet oiseau, qui maintenant fuit et voltige, viendra tout à coup de lui-même et se reposera sur ta tête. »

III.

Je dormais encore: la grande Cypris m’apparut conduisant de sa belle main le jeune Amour, qui baissait les yeux vers la terre ; elle m’adressa ces mots: « Berger que je chéris, reçois l’Amour et apprends-lui à chanter. » Elle dit et s’éloigne. Et moi, quelle folie ! j’enseignais à l’Amour mes chansons rustiques, comme s’il eût voulu les retenir ; de quelle manière Pan inventa la flûte oblique, Minerve la flûte droite, Mercure la lyre, Apollon la tendre cithare : voilà ce que je lui enseignais. il écoutait peu mes leçons ; il me chantait des vers érotiques ; il m’apprenait les amours des hommes et des dieux, les aventures de sa mère. Alors j’oubliai tout ce que j’avais enseigné à l’Amour, et je ne me souvins que des leçons amoureuses de Cupidon.

IV.

Les Muses, loin de redouter le cruel Amour, le chéris-