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livré vos noms à l’immortalité le chantre de Chio qui a célébré la ville de Priam, la flotte des Grecs, les combats phrygiens et l’invincible Achille.

A moi aussi les Muses ont accordé le don des vers harmonieux, et je vous offre l’hommage de leurs bienfaits, de ces hymes qu’elles m’inspirent : les vers sont le plus doux présent qu’on puisse faire aux dieux.

XXIII. L’AMANT MALHEUREUX.

Un berger brûlant d’amour est cruellement repoussé par l’objet de sa flamme. Il se pend de désespoir. La statue de l’Amour tombe sur l’insensible, l’écrase, et venge ainsi l’amant malheureux.

Un homme aimait un jeune adolescent aussi beau que cruel, qui haîssait celui dont il était adoré et ne lui témoignait qu’une rigueur impitoyable. L’ingrat ! il ne savait pas quel dieu est l’Amour, combien sûr est son arc, de quels traits aigus il perce les jeunes cœurs.

Ses discours se ressentaient de la férocité de son abord: jamais la faveur la plus légère , jamais un gracieux sourire , un coup d’œil bienveillant, une douce parole; jamais un de ces baisers si doux qui ravissent les sens. Semblable à l’hôte sauvage des forêts qui fuit à la vue du chasseur, la présence d’un mortel le mettait en fuite. Ses lèvres étaient dures, ses yeux lançaient de terribles regards, la colère altérait ses traits et laissait empreint sur on visage sévère un air de mépris et d’horreur. Cependant l’ingrat n’en était pas moins beau , et sa colère même irritait les desirs.

Enfin, succombant à sa douleur, le malheureux amant, baigné de larmes, s’approche de la fatale demeure de l‘objet de son amour; il baise le seuil, et fait entendre ces paroles qu’interrompent de douloureux soupirs :

« Cruel enfant, ô toi qu’a nourri de son lait une lionne féroce ! cœur d’airain, cœur peu digne de tendresse, je viens t‘offrir pour dernier présent ce nœud qui va termi-