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meilles; mais si, me repoussant , ta main eût continué à fermer le verrou de ta porte , alors le fer et le feu m’auraient frayé un chemin jusqu’à toi.

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

« Je remercie d`abord Vénus de mon bonheur; toi ensuite, ma bien-aimée, toi qui m’as arraché du milieu des flammes, qui m’as agelé dans ta demeure lorsque déjà j’étais à moitié consumé; car souvent le feu de Vulcain ` cède au feu de l’Amour.

Reine des nuits, apprends quel fut mon amour.

« Qui, c’est l’amour qui arrache la jeune vierge à son lit solitaire; c’est l’amour qui arrache de la couche nuptiale l’épouse palpitant encore des baisers de son époux.»

Ainsi parla Delphis, et moi, fille crédule et aimante, je le pris par la main; je l’attirai tendrement sur mon lit. Son corps échauffa mon corps, nos lèvres brulantes s‘unirent et mille délices inondèrent nos âmes.

Qu’ajouterai-je encore, ô Lune bien-aimée ! les doux mystères s’accomplirent.

Depuis ce moment nos jours s’écoulaient doux et sereins. Delphis et moi n‘avions aucun reproche à nous faire. Mais la mère de Philisto, ma joueuse de flûte, mère aussi de Mélixo, est venue me voir ce matin au moment où les chevaux du Soleil, sortis de l’Océan, s’élançaient dans le ciel; chassant devant eux l’Aurore aux doigts de rose , et entre plusieurs propos elle m’a dit :

« Delphis a une autre passion; je ne connais pas celle qui aime , mais je sais qu`îl·boit souvent a ses nouvelles amours. Tu es abandonnée; ton infidèle orne de festons üeuris la maison de l’objet de ses feux. »

Voila ce que m’a raconté ma voisine, elle qui dit toujours la vérité. En effet, auparavant l’ingrat venait me voir huis ou quatre fois par jour; souvent il a oublié chez moi sa coupe dorique; et voilà douze jours que je ne l’ai vu! Est-il vrai qu’il a d'autres amours? qu’il m’a oubliée ? Je prétends qu’il tienne ses serments, et s’il me