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Oiseau sacré , vers moi rappelle mon volage amant.

Delphis cause mes maux ; c’est pour Delphis que je brûle ce laurier. Il pétille en l'enflammant, déja il est tout consumé sans même laisser de cendre : qu’ainsi se dissipe en flamme légère le parjure Delphis !

Oiseau sacré, vers moi rappelle mon volage amant.

Comme la cire se fond au feu, que le Myndien Delphis fonde soudain d’amour pour moi, et que, pareil à ce globe d’airain que ma main fait tourner, l'infidèle poursuivi par Vénus, tourne autour de ma demeure.

Oiseau sacré, vers moi rappelle mon volage amant.

Je vais brûler ce son ; toi, Diane, toi qui fléchirais Rhadamante lui-même et les cœurs les plus inflexibles des enfers… Écoute, Thestylis… Les chiens aboient… c’est pour nous qu’ils font retentir la ville de leurs hurlements.

La déesse est dans les carrefours ; vite, vite, frappe ce vase d'airain.

Oiseau sacré, vers moi rappelle mon volage amant.

Déjà la mer se tait, les vents s’apaisent, tout dort, le chagrin seul veille au fond de mon chœur : je brûle d’amour pour celui qui, au lieu du nom d’épouse, m’a donné l’infamie, m’a ravi l’honneur.

Oiseau sacré, vers moi rappelle mon volage amant.

Je fais trois libations, et trois fois, astre brillant des nuits, je t’adresse cette prière : « Quel que soit l’objet qui partage la couche de Delphis, qu’il l’oublie à l’instant, comme Thésée oublia jadis dans Naxos Ariane à la belle chevelure. »

Oiseau sacré, vers moi rappelle men volage amant.

L’hippomane que produit l’Arcadie, rend furieux et fait bondir sur les montagnes les jeunes chevaux et les cavales rapides. Puisse-je voir ainsi Delphis voler, plein d’amour, du gymnase à ma demeure !

Oiseau sacré, vers moi rappelle mon volage amant.

Delphis a perdu cette frange de son manteau ; je la déchire et la jette sur le feu dévorant. Hélas ! cruel amour !