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332 NOTICE SUR THÉOCRITE , vraiment révoltante qu’on trouve dans ia cinquième idylle et ailleurs et que nous avons voiles dans la traduction? Theocrite, quand on a lu ses ouvrages, intéresse tellement pour ses bergers et surtout pour luiâmeme, qu’on n`a pas le courage de tien dire contre lui. Aecusons de ces tristes débordements les mœurs · païennes : les gymnases, ou les jeunes gens se livraient ensemble et dans la plus complète nudite aux exercices de la lutte, la se- ' ' questration des femmes, voilà sans doute la cause de ces monstrue- sites qui sont heureusement si éloignées de nos mœursque nous ne comprenons pas comment on a pu les embellir du charme des vers. Ces amours à là gfœque nous paraissent si degoûtantes que peu s’en est fallu que dans la traduction nous nhyons changé les noms d'hommes en noms de femmes ...... Cependant Théocrite n`était point étnmger au doux sentimçt de l’amour ; il lui a inspiré ses deux plus belles idylles, qui sont sans contredit la deuxième et la vingt-septième. La première , c’est l’amour dans toute la violence de ses transports, et ce poeme est, au sentiment de Racine, juge compétent en pareille matière, · ce que Pantiquité a laissé de plus passionné; l‘autre le reproduit dans ce qu’il y a de plus suave, de plus délicat : cette idylle, qui pourrait ètre le sujet d’une longue etude litteraire et philoso- ' phique, semble avoir été destinée a compléter pour le 'lccteur de Theocrite toutes les faces de l’amour, le plus inlini des Sen- timents. ° Si l’on appelle pastorales les poésies de Théocrite dont les ac- . teurs sont des habitants de la campagne ou peuvent etre supp0SêS tels, on trouvera dix-sept idylles bucoliques; mais dans ses poèmes, il prend tous les tons: il se sert tour a tour de la poésie ' lyrique sous ses ditferentes formes , de l`élègie et de ses accents plaintifs. _ Dans les idylles, qu’il est impossible de regarder comme pasto- rales, notre poete a les beautés propres a chaque genre; il·s'éleve à la hauteur de la poesie épique : pensées, expressions, épitbè- tes, tout est plein de hardiesse et de pompe. L’ode, échautfee du ` feu de son ame, en fait [emule de are dans plusieurs de ses tableaux. Parfois aussi l'i<lylle prend le ton de la comédie; _TFëbcrite oifre plusieurs scènes, soit en action, soit en récit , ' dignes des poètes comiques les plus célèbres. Il a fait parler les héros et les dieux dans la tragédie; il dit alors simplement les choses graves, il est sublime SRIIS enilure , naïf Sans trivialité.