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INTRODUCTION. I7 que réfléchissent toutes ses productionsl Ainsi Homère nous pré- sente dans la plénitude de leur développement les preuves les plus manifestes de la force de Pimagination dans les plus beaux temps de l’epoque héroïque. Et ce n'est certes pas l’etl'et de l’art , le pro- duit du travail; c‘est le résultat d‘une heureuse perfection, lille d‘une grande puissance naturelle. Chacun des autres grands écri- ‘ vains nous montre une manière de penser ditïérente, une mé- thode d’exposition qui lui appartient, une forme qui lui est par- ticulière, un style et souvent mème une langue à lui, en sorte qu’en entrant dans ses œuvres on sent.l’air d'un.monde nouveau, d’une nature nouvelle et inconnue auparavant. Aristote nous dé- œuvre le sommet et la circonférence de toutes les choses que pouvaient éclairer les lumières naturelles de l‘antiquité, soit par la force dela pensée, soit par l’expérience scientiiique. Eschyie, le vrai poëte dramatique, a saisi l‘expression de la vie morale des anciens. Le caractère, le sentiment, `les émotions tilaniermu des hommes primitifs nous apparaissent en ses tragédies. Il n’a point l’harmonie de la forme, comme Sophocle, mais il la colore d‘une œinte locale et individuelle qui la- rend inappréciable à toute autre époque ou dans tout autre lieu. La classe sociale qui saisit la profondeur de son symbole est restreinte. Il n'est pas, comme Aristote et Homère, universel et compris, mais toute l’ex- pression d’une certaine antiquité se trouve en lui : il faut remon- ter le cours des temps pour le saisir, et joindre les mœurs d‘une autre époque aux sentiments d’autres hommes, il faut refaire par l'étude une race entière dont nous avons perdu l’histoiro et la constitution. L - Dans Platon, nous apercevons la raison puriliée, occupant le sommet de l‘antique civilisation, se débarrassant des langes d’un polythéisme fatigant, écartant avec peine les nuages de l’erreur et luttant de sa seule force contre les secrets et les symboles de la · Divinité ponr retrouver la trace d‘une révélation primitive. Nous le voyons, incertain de la realité mème des idées qu‘il cherche, s’aider tantôt des doctrines orientales qu’il connaissait, tantot des vagues pressentiments du christianisme, qui ébranlaient sa haute et noble intelligence. Sur les ailes de l‘enthousiasme·il franchis- sait la sphère des institutions matérielles et des connaissances su-. perllcielles des Grecs; il retrouvait dans les traditions primitives les traces/à‘ moitié effacées d‘une sagesse surnaturelle, et devi- mtit les mystérieuses "destinées de l’avenir. '

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