par vos victoires, avez atteint ce comble de gloire réservé à ceux qui savent s’endurcir aux travaux. Jamais, dans toute la Grèce, les dieux n’honorèrent aucune maison d’autant de couronnes obtenues au pugilat.
La magnificence de mon langage sera digne, je l’espère, des athlètes dont je célèbre les louanges. Fais donc voler tes flèches, ô ma muse ! vers ce noble but ; que tes chants, comme un vent favorable, aillent retentir à leur oreille. Ce sont les poëtes et les écrivains qui sont chargés de faire vivre les belles actions des grands hommes enfermés dans la tombe. Et qui, plus que les Bassides 1, peut occuper leurs voix ? Cette illustre famille n’a qu'a rassembler ses hauts faits; ils suffiront pour offrir aux favoris des Muses assez du gloire à célébrer. C’est d’elle que descendait ce vaillant Callias, qui, la main armée du pesant gantelet, obtint la victoire dans la divine Delphes. Chéri des enfants du Latone à la quenouille d’or, il brilla parmi les athletes, comme l'étoile du soir brille au milieu du chœur des Graces, près des ondes de Castalie. Tu fus aussi témoin de son triomphe, Isthme fameux, qui, semblable à une digue, repousse le choc de l’élément infatigable ; la main des amphictyons le couronna dans ces jeux qu’on célèbre tous les trois ans près du bois sacré de Neptune. Et vous, monts antiques qui couronnez Phliunte 2 de vos ombrages, c’est à votre pied qu’il ceignit sa tête de cette herbe qui rappelle le lion de Némée.
Partout l’illustre Égine offre à ma muse de grandes actions à chanter. Les Éacides se sont fait une destinée extraordinaire par leurs vertus; leur nom vole sur la terre et au-delà des mers ; il est parvenu jusque dans les contrées qu’habitent les Éthiopiens et que Memnon ne revit jamais, car le terrible Achille, descendant de son char, le perça de sa lance altérée de sang, et le bruit de sa chute porta l’effroi dans sa patrie.
1 Tribu d’Égine à laquelle appartenait Alcimide.
2 ville du Péloponèse.
