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il INTRODUCTION. pas parvenu, et qui aurait pu nous faire comprendre la marche et ' les progrès de œ talent prodigieux. Virgile , sans compter ses con- _ tlnuels emprunts a Homère, a traduit tout son second chant de I'Én6£de de Pisandre, poete grec; lutte ambitieuse de beautés où . · la victoire reste si souvent au père de la poésie grecque. Properce

  • nous dit qu‘ll initiait les Latins aux chœurs sacrés de Callimaque

' et de Philètes (liv. 3, él. 1); Catulle copie Sappho et Callimaque; Q V Térence résume tous les poètes grecs, et surtout Ménandre; Horace imite chaque piéce et souvent tous les vers d’Alcée , de Pindare , d’Anacréon. Tel est lc role que la litterature latine fut obligée de subir pour , S'éIeverjusqu'aI1x chefs-d‘œuvre qu’e|le a produits. Elle fut tou- jours un relet d'une littérature étrangère : aussi elle ne (ut pas ‘ utile ; elle ne conserva aucun des éléments primitifs qui constituent · une nation , elle n‘eut pas de caractère particulier; aucun lien ne la rattacha au passé; elle ne servit de "refuge a aucune tradition : elle dénatura l‘idiome pour Paméliorer, et transporta a Rome ces u mœurs de la civilisation grecque, douœ et molle; elle etïémina l’Italie pour la livrer plus tard sans force et sans courage aux bordes du Nord qui venaient régénérer par le sang cette vieille r race abàtardie. _ En reconnaissant combien la littérature romaine a imité la litté- rature grecque et l’a servilement reproduite, nous devons cepen- dant admettre dans quelques unes de ses productions et dans quelques uns de ses auteurs une pensée dominante et placée en dehors de l’intluenœ étrangère; mais pour la saisir et la compren- dre ,` pour préciser les rapports et les différences qui existent entre ces deux littératures , il nous faut tracer les phases principales de leur développement ou du moins faire saillie en relief de leurs traits caractéristiques. ` Toutes les nations qui entrent tard dans l’histoire du monde re- çoivent des nations civilisées avant elles, et a titre d`héritage, une grande partie de leur culture intellectuelle: œ n’est point une transmission opérée d'une manière directe; le peuple qui impose ' et le peuple qui reçoit œtœ intluence l'ignorent également; ils ' obéissent a une loi éternelle _qui opère la fusion des races et des individus par des rapports mystérieux. La fraternité de Pespèce humaine se prouve par cette néœssité du contact; elle est impré- · vue; elle se révèle brusquement et par une vive oommotion, ou bien elle marche par des voies détournées; elle ne heurte aucune