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Mars, oubliant les combats et les armes, s’enivre de ton harmonie. Tous les dieux se laissent charmer par les accords divins d’Apollon et des Muses; mais ceux que poursuit la haine de Jupiter sur la terre ou sur l`immense océan frémissent au bruit des concerts des déesses du Piérius. Tel frémit, étendu au fond de l’horrible Tartare, cet ennemi des dieux, ce Typhon ‘ aux cent tetes, qui eut pour berceau l’antre fameux de Cilicie. Maintenant il est enchaîné sous les rivages qui sont au delà de Cumes, la Sicile pèse sur sa poitrine velue, et l’Etna, cette colonne du ciel, dont les sommets sont hérissés de frimas éternels, l‘écrase de son poids. Du fond de ses entrailles inaccessibles jaillissent des sources d’un feu terrible, qui, coulant « par torrents, exhale, pendant le jour, des tourbillons l d’une fumée brùlante ; mais la nuit une flamme rougeatre s’élanee de l’abime et roule à grand bruit des rocs calcinés dans le sein des mers profondes. Enorme reptile, dévoré par Vulcain, il vomit une lave ardente; prodige affreux à voir, affreux mèmeà entendre raconter de ceux qui l’ont vu. Une chaine, qu’il ne peut briser, l’attache depuis les noirs sommets de l’Etna jusque dans la plaine; il est étendu dans le gouffre, et sa couche raboteuse creuse sur ses reins des sillons ensanglantés. Puissent mes chants te plaire, o Jupiter! qui protéges ce mont superbe 2 dont le front couronne une fertile plaine. La ville voisine 3, à qui il a donné son nom, s’enorgueillit de la gloire de son nouveau fondateur. Le nom d’Etna a retenti, avec celui d’Hiéron, dans la carrière de Delphes; le héraut :1 proclamé Hiéron Etnéen vainqueur à la course des chars.


dent et qui suivent. L’aigle abaisse d'abord ses ailes, ensuite ses yeux se ferment, sa tête se penche, et il s’endort; il y a gradation dans les idées.

1 L`un des géants qui escaladèrent le ciel.

2 Le mont Etna. La transition est très- naturelle.

3 Au commencement de la soixnnte-seizième olympiade, Hîéron chassa de leur ville les citoyens de Catane, y envoya une coloniede Syracusains et de Pélnponésinns au nombre de dix mille hommes,et changea le nom de Catane en celui d’Etna , d`où il prit le surnom d’Etnéen. (Diod. Sic. ,l. XI.)