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6 INTRQDUCTION. [ Salomon annoncent les mystères de l’amour divin, et les Prover- · bes présentent les paroles sévères de la morale ordinaire. Tel est l`ense1nble de la littérature hébraïque : elle est toute renfermée dans les livres saints. Procédant de l’unité de Dieu, elle arrive a l’unité de la doctrine; toutes ses portions se groupent dans une mème tendance. C’est le résumé sublime d'une civilisation isolée, · sérieuse, qui a grandi sous Pintluence de la théocratie, ct lui doit ses plus glorieux développements. La littérature grœque est plus universelle, plus éparpillés, y adonnée à la forme et a l’expression, mais ne reconnaissant la di- rection d‘aucune pensée. Elle procède de Pinspiration des hommes et de l’inspiration des événements; mais les hommes et les évé- nements ont un caractère purement accidentel. Un poëme vient i après un poème; entre eux il n’y a pas de liens. Les croyances étaient indécises et mobiles. Deux religions se trouvaient dans le paganisme : l'une secrète, dévoilant les idées qui se cachaient sous les formes, initiant aux doctrines par les mystères si profondément significatifs d'Éleusis et les sages oracles de Delphes; l`autre pu- blique, vulgaire, divinisant les vices et les vertus, faisant des _ Dieux de tous les penchants humains, peuplant l‘0lympe de divi- nités passionnées, irritables, faibles, amoureuses ou sages, appe- lant ainsi les cieux a retléter tidèlement Pirnage de la terre. Cette dernière religion, aidée par le climat, par Pexaltation naturelle aux Grecs, par Pignorance, qui voyait dans chaque phénomène une apparition , lefjeu d’une divinité, se reproduit tout entière dans les œuvres des poëtes. On entrevoit bien parfois comme un sou- venir lointain de la civilisation asiatique; les traditions de cet age antérieur se produisent vaguement dans quelques génies primitifs, - mais elles disparaissent vite; elles sont étoutïées par cette ,végéta- · tion luxuriante des images, cette exubérance gracieuse de la forme; ‘ le mouvement des esprits se livre ai sa tendance} naturelle : la ci- vilisation devient spontanée, aimable, indépendante des autres . nations. Ils ont, il est vrai, dans le principe et d'après leur propre témoignage, appris des Bhéniciens l’art de l'écriture; ils ont em- prunté aux Egyptiens et a d’autres nations de l'Asie les premiers . éléments de l’architecture et des mathématiques, beaucoup d‘idées philosophiques et d'arts nécessaires à la vie; ils ont d’ailleurs des héros d’une existence problématique qui leur sont communs, des traditionsa peine modifiées qui établissent la parenté des deux peuples; maisce ne sont que des traces fugitives et éparses etI`a··