Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIE DE SAPPHO. 121 Après sa mort; les Mityléniens lui rendirent de grands honneurs; ils tirent graver son image sur leurs monnaies. Nous ne mvons rien de plus sur Sappho. Quelque vagues que soient ees détails, ils ont encore été obseurcis par une confusion involontaire de la Sappho de Lesbos avec une autre Sappho d’É- rèse, courtisane célèbre; née postérieurement, et auteur, selon Suidas, de quelques poésies lyriques. Par suite de cette erreur, plusieurs auteurs anciens, et entre autres Ovide, ont attribuéà la poétesse de Mitylène plusieurs faits qui appartiennent a la Sap- pho d’Érèse, et surtout sa passion pour Phaon. Nous compre- nons de quel charme poétique cette tlction était revètue par les circonstances memes qui Penvironnaient : Phaon de Mitylene était beau comme Adonis; c`est un don qu`il tenait de Venus, la mère des Graces et de l’Amout·. Il commandait un vaisseau : une vieille femme se présente a lui, indigente et n‘ayant pas de quoi payersa traverséeile jeune homme n’exigea aucun payement. Vénus, pour reconnaitre ce service, se dévoila alors a sesyeux: elle lui tit présent d’un vase d’albàtre rempli d`un parfum pré- cieux. ll le répandit sur son corps, et acquit dès ce jour une beauté surnaturelle. Quelque: anciens attribuent a une autre cause I`éclat et la réputation de Phaon : il aurait trouvé cette plainte mystérieuse dont parle Pline, l‘érg)«gium,qui avait pour vertu de faire adorer de toutes les femmes celui qui pouvait la decouvrir. àappho d"Érèse, éprise d’amour pour Phaon, ne put lui plaire; victime de Vénus, elle ne voulut pas supporter- œ tourment sans espoir : elle se rendit à Leucade, et du haut du rocher se précipita dans la mer. Cette tradition, pleine de poésie et de sentiment, est devenue populaire par le nom de Sappho; elle a été accueillie et reproduite dans les commentaires de plu- sieurs critiques : arrivee à ce point où un fait entre dans la science vulgaire, elle n'a trouve de contradicteurs que parmi teëerutnm. Mais il en est un qui a rétabli la vérité, sépare ces deux exi- stenœs confondues, et précise toute la ditférence existante entre les deux Sappho; c’est Visconti, dans son Iconographie grecque : ‘ , a Je ne sais pas, dit—il, comment l’oplnion contraire a ln mienne a pu devenir générale : olie est cependant celle de Fa- bricius dans sa Bibliothèque grecque, livre II, chap. xv; celle de Hardiou, dans sa dissertation sur le saut de Leucade, Mémoi- . rss de l’Acad6mio des Inscriptions, tome VII; de Bayle, de