Page:Lyriques grecs - traduction Falconnet.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée
XLIII. LA CIGALE.

Que tu es heureuse, ô cigale, toi qui, posée sur le sommet des arbres, après avoir bu un peu de rosée, chantes comme la reine du chant même ! Tout ce qui naît de nouveau, tout ce que tu vois dans les plaines, tout ce que portent les saisons, est à toi. Amie du laboureur, tu ne nuis à personne ; honorée des mortels, tu es par ta douce voix le héraut de l‘été. Les Muses te chérissent ; tu es aimée de Phébus lui-même, c’est lui qui te fit don de ta voix mélodieuse. La vieillesse ne t'afflige pas. Sage fille de la terre, amante des hymnes, à l’abri de tous maux, n’ayant ni chair ni sang, tu es presque semblable aux dieux.

XLIV. UN SONGE.

En songe je m'imaginais courir, ayant des ailes aux épaules. L’Amour, ses jolis pieds étreints dans du plomb, se mit à ma poursuite et m’atteignit. Que veut dire ce songe ? Je pense que, pris aux filets d’un grand nombre d’amours, j’échappai à beaucoup d’autres, mais que je dois être lié par un seul.

XLV. LES FLÈCHES DE L'AMOUR.

Aux antres enflammés de Lemnos, l’époux de Cythérée forgeait avec de l’acier les flèchès des Amours, et Cypris en trempait la pointe dans le miel le plus doux, et Cupidon y mêlait du fiel. Un jour, Mars, de retour des combats, en brandissant sa lourde pique, regardait avec dédain ces traits si légers; mais l’Amour : « Vois si celui-ci est pesant,. dit·il, fais-en Pépreuve , puis·tu en jugerasm Mars saisit le trait, Cypris sourit, et Mars de répliquer avec un soupir : «0hi oui, il est bien pesant , reprends—le. -· Non, garde-le, » lui repartit l’Amour,