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LA FÊTE À GUGNAFEE’S CITY



Le 22 septembre 2992, Gugnafee’s City s’éveilla tout en fête. Ainsi se nommait cette ville de plusieurs millions d’âmes qui, assise entre deux collines, avait successivement porté les noms de Lugdunum, Lyon et Augagnorville. Mais les siècles s’écoulent, qui transforment le vieux monde et font de toutes choses un incessant renouveau. L’antique cité devint, vers 2320 (à l’époque où l’anglais fut accepté comme langue universelle), Gugnafee’s City ou la ville des gougnafiers.

Deux siècles avaient passé depuis le jour où les Syndicats, devenus maîtres du monde, avaient proclamé le nouveau régime. Le 22 septembre 2772 avait marqué l’oblitération définitive de l’individu. L’homme, transformé en une machine laborieuse, travailla, mangea, jouit, vieillit et mourut sous le contrôle de la B. R. U. T. I. S. Bref, on devint libre. De ce jour datait encore l’abolition des frontières, l’humanité vivant parmi les nuages et sous l’océan avec une telle frénésie que le sol avait perdu à la longue toute signification géographique.

Gugnafee’s City, ville de commerçants et de riches possesseurs, de ceux qu’aux temps de la comète on nommait boyards, soyeux et rupins, vit, le 3 juin 2992, rayonner au-dessus de ses pavois le soleil qui commémorait de resplendissants souvenirs. Dès l’aurore, la fête commença. En manière de saturnale, le conseil des Ediles avait ordonné qu’on ouvrît les soupiraux des sous-sols