Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 69 —

— Mais doit-il revenir seul ?

— Non, il m’a promis d’amener un académicien qui nous donnera des leçons fort géométriques, si nous daignons lui prêter nos instruments. Pour moi, je me fais un plaisir d’en être toisée ; et maman, je crois, ne se trouvera pas si mal entre ses bras.

— Toute réflexion faite, dit madame Jolicon, je pense, mes enfants, que Fanny a raison. Faites demain, à votre lever, la toilette de vos minons ; appelez Vénus, faites-la présider à vos appas. Il faut entendre un académicien ; ses gens-là savent tout. Qui sait s’il ne nous donnera pas des secrets inconnus encore pour gagner de l’argent ? Ne négligeons aucune des routes qui mènent à la fortune. C’est là, dit-on, la maxime de l’avarice. Je dis, moi, que c’est là le plus précieux optimisme que je puis vous prêcher. Comment appelles-tu ce docteur, Fanny ?

— Je sais, dit-elle, que l’abbé se nomme Pilecon, mais…

— Mais, reprit la maman, tu nous donnes un nom charmant : Pilecon. Vous savez, mes filles, ce que signifie ce nom auguste ; c’est à celui-ci que je me tiens, et je veux présider à la première leçon. Quelle consolation pour moi si ces messieurs honoraient notre palais ! Si vous saisissiez ce genre nouveau de vous faire foutre savamment, c’est alors qu’il ferait bon d’apprendre à nos petits-maîtres qu’il est de leur intérêt de vous sonder souvent pour puiser dans nos charmants cons le savoir que nos docteurs fourrés s’imaginent