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confesseur de nos mères, l’a consolé de leur glace et m’a fait partager ses faibles plaisirs. Détrompez-vous. Je sais bien qu’un directeur de nonnes est sans cesse sur des charbons ardents. Toutes ces jeunes béguines, détaillent avec tant de naïveté leurs soupirs, leurs faiblesses, leurs douloureux essais, leur sommeil voluptueux, qu’un saint, je crois, serait chatouillé et s’offrirait charitablement à tempérer la chaleur qui les dévore ; ce n’est pas pourtant à l’un de ces cafards que je dois le premier trait de l’amour.

La vigilante Émilie ménagea l’entrée d’un aimable cavalier dont la jeunesse et la force étaient plus sûres que celles du bouillant directeur de la maison : il fut conséquemment préféré. Il me fit adorer le joli dieu que j’ignorais auparavant, et plus je le prie, plus il mérite mes vœux. Je dois à ses faveurs d’en faire connaître le charmant propriétaire.

Nelson n’était pas un de ces jeunes évaporés qui prétendent de plein droit faire main basse sur toutes les filles ; il avait toute la décence de la bonne compagnie, ne lâchait de propos galants que pour flatter une jolie femme sans la faire rougir. Nelson aimait le plaisir ; mais il savait respecter celle qui daignait lui accorder des faveurs. Tel est le jeune homme que connaissait Émilie et que l’adroite tourière, à l’appât de quelques écus, introduisit de son appartement dans la cour du pensionnat, et de là dans notre chambre, tandis que la jeunesse était au réfectoire.

Je dois encore ajouter que la sœur Jeannette, en dépit