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coup, et plus éveillée que jamais, la fougue du sang m’étouffait. J’étendais les bras, j’embrassais un fantôme ; je le pressais sur mon sein, j’écartais les jambes ; je ne sais quoi me manquait pour me satisfaire.

— Dieux ! m’écriais-je, suis-je folle ? rêvai-je ? en mourrai-je ? Je nage dans une mer de délices. D’où vient qu’Émilie ne vient pas ?

Émilie n’avait guère plus dormi que moi ; elle n’avait perdu aucun de mes propos, et j’en avais à peine fini les derniers mots qu’elle se glissa dans mon lit.

— Me voici, dit cette aimable fille ; la pauvre Lyndamine souffre, et je veux la plonger dans l’extase.

Dans le même instant je sens une main qui me tâtonne entre les cuisses.

— À moi ! m’écriai-je avec vivacité.

— Veux-tu te taire ! me dit-elle d’un ton à me fermer la bouche ; je cherche ton petit bijou, et je veux m’assurer de ses grâces. Eh ! tu vas mettre en rumeur tout le pensionnat. Ce n’est pas le moyen de nous entendre.

J’eus bientôt la bouche close. Émilie, avec sa main délicate, parcourut tout ce qu’on appelle les charmes d’une fille, et promena ma main droite sur ses attraits correspondants.

— Sens donc, dit-elle ensuite, que je suis aussi bien fendue que tu l’es ; bientôt je toiserai tes jolis pays chauds et je te donne le même empire sur les miens ; mais ne fais pas la sotte. L’heure du lever approche, et nous devons profiter du temps. Je ne te dis plus