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encore, je crois, le tempérament qui nous réunit. N’es-tu pas enragée d’être fille ?

À ce propos, que je commençais pourtant à comprendre, je répondis que je ne l’entendais pas.

— Tu ne m’entends pas ? riposte-t-elle en feu, tes yeux te démentent. Sois sincère, tu m’entends, et tu brûles en faveur de l’optimisme. Tarie encore une fois, ou pour la vie nous nous brouillerons.

— Je serai vraie, dis-je ; belle Émilie, je ne sais ce que c’est que votre optimisme ; mais je sais que quelquefois je tressaille de joie. Si la source de l’optimisme est sous mes jupes, alors…

— Arrête ! s’écrie mon amie, tu vaux de l’or, et je ne me suis pas trompée : ta chaleur me l’annonçait. J’ai plus de leçons que toi ; tu seras donc mon écolière, et je me ferai un devoir de te transmettre toute ma science. Pour ce soir, tu n’en auras pas davantage. Couchons-nous et dors sans rêver. Demain je vole à ton lit une heure avant celle du réveil ; là, je te donnerai le plan de mes instructions, et la première réponse qu’une fille bien née doit faire à l’amour.

Je ne dormis guère et je rêvai beaucoup. Mon imagination s’enflamma : tout mon sang se porta vers le secret asile de l’amour, et j’étais étonnée des tressaillements, des postures, des vœux de toute la machine qui soupirait, et qui soupirait en vain. De temps en temps un froid cruel me saisissait ; j’étais anéantie. Nonchalamment je m’étendais dans mon lit ; je voulais dormir, et je pestais contre l’insomnie ; puis tout à