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CONTE XXXIII

La Servante modeste.


  Plaignons quiconque a des procès.
  En dépit de la bonne cause
  Juge, avocat, ont bouche clause,
  S’ils ne trouvent leurs intérêts.
  Il faut donc, pour les satisfaire,
 Pour les forcer de suivre votre affaire,
  Les appâter de temps en temps,
  Par quelques honnêtes présents.
  Un paysan de la Touraine,
  Pauvre, mais très adroit plaideur,
  Attrape un lièvre dans la plaine,
  Et le destine au rapporteur.
 Le lendemain, le gars vient à la ville ;
Veut parler à monsieur. Monsieur était au lit.
  — Donnez-le-moi, lui dit la fille.
— Le voilà, de la part de son client. — Qui ? — Vit.
  À déjeuner, la fidèle servante,
  Cherche le lièvre et le présente
  Aux deux maîtres de la maison.
— Ce paysan, Lisette, a-t-il dit son vrai nom ?
— Oui bien, mon bon monsieur. — Hé bien donc, il s’appelle ?…
— Dame, monsieur, je n’o… je n’oserais, dit-elle,
 Vous le nommer : il est pourtant bien beau ;
 Mais… — Oh ! parbleu, ce cas est tout nouveau :