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CONTE XVIII

L’Origine des sexes.


 Désir de fille est un feu qui dévore ;
 Désir de nonne est cent fois pis encore,
 Disait naguère un poète français.
  Or, une nonne que j’aimais,
 Qui, très souvent, se couchait sous mes armes,
  Pour me faire goûter ses charmes,
  Pour tâter un peu de plaisir,
  Un jour, dans un beau tête-à-tête,
  De mon outil saisit la crête,
  Et dit : — Contente mon désir.
  D’où vient que la même personne,
  N’est pas celle qui tour à tour,
  Tantôt reçoit, et tantôt donne
  Le divin baume de l’amour ?
  Vois ce beau jeu dans la limace :
Comme mâle, il enfile une espèce de con,
 Comme femelle, prend l’inférieure place,
  Pour recevoir son limaçon.
  — Comprends-moi donc. Dans l’origine,
  Chaque être se reproduisit ;
 Mais Jupiter, en colère, fendit
  En deux le beau corps d’Androgyne.
 Anéanti par un trait de colère,
Il s’en repent ; appelle Mercure : « — Compère,