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Une femme qui a pompé le jus de la vie est plus qu’une autre en garde pour ses enfants. On dirait que le vice veuille prêcher la vertu. Ma très honorée mère, assez satisfaite de la charmante épreuve qu’elle avait faite du plaisir, craignit que je ne fusse tentée de l’imiter. Un beau jour, sous le prétexte de me guérir un petit bouton que j’avais à la cuisse et dont je me plaignais, elle s’aperçut que déjà mon trésor s’ombrageait, et que je ne sais quelle pièce où réside le sentiment des femmes, prenait de la longueur, de la couleur, de la raideur.

— Oh ! oh ! dit-elle en s’écriant sans y penser, cette petite fille est déjà en chaleur ; il faut, ma foi, la mettre sous clef, sans cela sa cloison sera bientôt forcée. Eh ! que de mal sur la terre !

Je n’entendais rien à cette exclamation ; aussi ne m’affecta-t-elle pas ; mais quelques mois après, ma mère m’annonça que je lui devais les plus grandes actions de grâces, qu’elle s’épuisait pour mon éducation, et qu’elle me recommandait d’être sage jusqu’à la mort. Elle finissait à peine ces mots, qu’une bégueule en béguin et portant croix d’argent, entre, salue ma mère en tendant le cul, lui demande sa fille, et m’invite à la suivre.

— Mignonne, me dit ma chère mère, ton trousseau est d’avance chez les Dames Visitandines ; cette sœur va te conduire au port du salut. Si je suis contente de toi, je ne tarderai pas à te rappeler. Apprends dans le couvent à être honnête fille et bonne chrétienne. Si tu