CONTE II
Les Cerises.
Le gros seigneur d’un très petit canton,
Fort connu pour un rodomont,
Faisait trembler tous les villages,
Et renversait tous les anciens usages.
Ses grands vasseaux lui formaient une cour ;
Et les petits n’osaient se faire jour,
Pour jouer à grands frais leur rôle.
Son meunier dit à Marciole :
— Ma fille, ce panier est pour notre seigneur.
Cela nous portera bonheur ;
Va le lui présenter. Cette charmante fille
Était un morceau pour les dieux.
Alerte, leste, et, ma foi, si gentille,
Qu’elle fixa d’abord les yeux.
Hélas ! elle était trop charmante !
Mais je me trompe ; l’on verra
Que cette fille ravissante
Ne perdit rien à montrer son cela.
Venons au fait. — Que voulez-vous, ma belle ?
Dit le seigneur qui ne l’attendait pas ;
Voici, messieurs, une pucelle,
Dont vous verrez dans l’instant les appas.
La pauvre enfant que tout cet étalage
Étourdissait, répondit : — Monseigneur,