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fallut dégainer et séparer deux pièces qui se trouvaient si bien ensemble.

L’on arrive. Le galant, satisfait de sa soirée, conduit la dame chez l’ami qui l’attendait, tandis qu’à l’auberge je fis disposer tout pour un bon souper.

À peine mon cavalier fut-il de retour qu’il vint me sauter au cou et me remercier encore de mon stratagème.

— Je vous dois cette délicieuse journée, mademoiselle, me dit-il, et j’ose me flatter que vous ne la finirez pas en me punissant.

Je compris ce qu’il voulait me dire.

— Il faut donc du champagne pour vous refaire ; car, sans façon, vous vous en êtes tiré vigoureusement, et l’acier doit en être détrempé.

— Point du tout, il a plus de ressort que ce matin.

— C’est ce que je voudrais voir, répondis-je.

— Tout à l’heure, reprend-il, en le cherchant dans son étui.

— Après souper nous traiterons cette affaire ; mais gardez-vous d’être tenté d’un con de servante, je n’ai pas oublié l’escapade de la dînée.

Il me jura d’être sage, et il le fut. La domestique eut à peine la douceur dont sans doute elle ne fut pas trop joyeuse ; il faut à ces filles-là du plaisir et de l’argent.

Nous avions eu la précaution de nous faire passer pour époux. L’on ne disposa, conséquemment qu’un lit, et, dès que nous fûmes retirés, échauffés par un vin fumeux que nous avions bu à plein verre, nous pensâ-