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Qui suis-je ? Si cette question tombe sur mon origine, j’y répondrai tout à l’heure. Si l’on dispute sur mon sexe, oh ! parbleu ! l’on voit d’abord que je porte des jupes, que mon teint est assez frais, que mon menton est ras…, etc. Je n’en dirai pas davantage pour le présent. Me juge d’avance qui voudra, j’y souscris ; mais que l’on se souvienne surtout que je suis fille, c’est-à-dire que je tiens au sexe féminin par la blancheur de ma peau, par la finesse et le contour de mes traits, par l’élasticité d’une belle gorge, par… J’en ai dit plus que je ne voulais.

L’on demande encore si j’ai des parents. Que cela vous fait-il ? J’existe sans ma participation, cela est clair. Mon père avait en propriété le fameux générateur de l’espèce ; ma très honorée mère a reçu la visite de ce dieu qui vivifie toute la nature, et je respire. Qu’exigez-vous de plus ? Que je compte des quartiers ? Je date d’Adam et de la bouillante Ève ; ma généalogie est bien prouvée, et tel qui demande à qui j’appartiens ne réussira jamais à démontrer une descendance plus assurée. Laissons l’orgueil rêver et calculer des titres en parchemin dont les rats se jouent et se nourrissent.

Pour terminer toutes ces impertinentes questions, je n’ai qu’un mot à dire. Mes graves messieurs, mes belles dames, apprenez que maman penchait vers l’optimisme et souhaitait de goûter le vrai bonheur. Le dieu de la nature, pour combler ses vœux, lui a confié un germe sacré ; elle a sérieusement présidé à sa végétation pour en donner le saint exemple à mille femmes qui l’arrê-