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diverses couleurs. C’était à notre industrie qu’elle recommandait ce précieux préliminaire.

Cette idée d’abord nous parut grotesque ; nous la saisîmes cependant si bien, nous ajoutâmes tant de grâces aux charmes de la nature, que la maman fut elle-même extasiée lorsqu’elle vit l’effet de notre art.

Nous le portâmes surtout à sa perfection sur ses agrès. Sa pauvre fente avait du service et pouvait être dédaignée. Je me chargeai d’en faire la toilette. Je n’eus de peine qu’à cause de la rareté de sa toison, tant de fois foulée ; mais je la tournai de tant de façons que je réussis à lui former un con de poil élevé de deux pouces au-dessus du con naturel. Je l’entourai de mille boucles en faveurs et des couleurs les plus variées. J’eus encore le soin d’assujettir sous ces boucles des touffes d’un crin fort élastique pour repousser en avant le petit dieu qui voudrait trop pénétrer. Sans cela maman aurait eu trop peu de ressort, et nous n’y aurions pas gagné.

Enfin, nous n’avions jamais joué un si beau rôle, et tous les acteurs s’écrièrent, pendant l’accouplement, que tout était au mieux pour les mortels qui jouissaient de nos appas.

Ce cri charmant ne fut pas durable. Minette fut si cruellement fourbie qu’elle périt sous les traits de l’amour. Fanny et Julie se laissèrent gagner par deux seigneurs, qui les ravirent. Maman fut si outragée, en dépit de sa brillante chapelle, qu’elle se tondit elle-même et jura de faire la dévote. La Culrond prit son parti de son côté. Je fus forcée de prendre le mien ;