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Le nègre avoua qu’un con noir avait d’autant moins d’attraits pour lui que, depuis son enfance, il en avait vu des milliers, et qu’il ne soupirait que pour le mien, dont la vue ravissait tous ses sens.

Je suis convaincue que tous leurs principes sont dans la nature ; mais je me garderai bien de les prêcher. Je suis trop intéressée aux voluptueux désirs d’un Européen pour ne pas soutenir opiniâtrement qu’il est essentiel que les sexes voilent leurs appas réciproques. Le tailleur qui inventa les culottes pour soutenir le poids de la virilité et les jupes pour gazer les charmes de notre sexe mérite des éloges. Je regrette le nom de cet homme si précieux à nos plaisirs. Je le transmettrais à la postérité.

Finissons cette digression. J’ajoute que ma négresse daigna me prodiguer autant de caresses que je lui en donnai et partager avec moi le plaisir de Cythère, que le vigoureux noir ne nous épargna point.

Nous nous séparâmes d’assez bonne heure pour que l’on ne pût me soupçonner de m’être ravie à la volupté du milord et aux vœux de mes camarades, que j’aimais de tout mon cœur. Elles étaient si persuadées de ma prétendue maladie, qu’elles rentrèrent dans notre appartement sans bruit, dans la crainte de me réveiller. Le lendemain matin, elles vinrent à mon lit, me demandèrent des nouvelles de ma santé, et furent consolées d’apprendre que j’étais mieux.

Je ne leur ai jamais fait la confidence de ce singulier trait de mon histoire, dont je me fais un devoir de régaler mes lecteurs.