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Le souper dura quatre heures, c’est-à-dire que durant quatre heures notre Anglais nous vit, nous entendit, et fit ensuite son choix, qui tomba sur Fanny et Julie ; car il était modeste et n’osait s’offrir à des combats plus nombreux. Le cher mâle y eut échoué.

Tandis qu’il nous lorgnait toutes, il ne se doutait pas que, de mon côté, je faisais aussi mon petit choix, et que j’eusse été fâchée de goûter de sa pomme. Il avait pour laquais un nègre, grand grivois bien découplé, et qui nous servait avec des grâces qui me tournèrent la tête.

— Parbleu, dis-je tout bas, un milord est assez souvent plus mal outillé qu’un paysan. Il faut que je tâte de ce noir ; cela peut être bon. Après tout, j’en essayerai, c’est ma folie, et vaille que vaille.

Tandis encore que je faisais à part ces curieuses réflexions, milord appela ses deux belles, et nous invita à la première, qui valut un louis à chacune des spectatrices ; nous nous crûmes honnêtement récompensées. Il est en effet certain que messieurs les Anglais sont généreux, et qu’ils payent toujours noblement les plus faibles nuits. Dans les termes de l’art, l’on pourrait en vérité les appeler des nuits blanches.

Le premier tableau que nous présenta milord fut, selon l’usage de la plus fine volupté, celui de la nudité absolue. Un large sofa attendait les victimes. Il se mit entre elles et les pria de le caresser, tandis qu’à droite et à gauche il fit la visite de leurs charmes. Lorsque nous y pensions le moins, il se met en équilibre la tête en