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exclusif de récompense soit le « fait de guerre ».

On comprendra sans qu’il soit besoin d’insister.

Croit-on qu’il faille nulle part une plus grande dépensé d’énergie, d’endurance, d’autorité, qu’il n’en faut à l’officier chargé de la construction d’une route en pays sauvage ? Il passe des mois, des années parfois, dans des abris improvisés, miné par la fièvre, compagne inséparable de tels travaux, allant d’un chantier à l’autre, n’obtenant qu’à force d’énergie, d’exemple, de volonté imposée, le rendement maximum de son personnel. Croit-on qu’il ne faille pas plus d’autorité, de sang-froid, de jugement, de fermeté d’âme, pour maintenir dans la soumission, sans tirer un coup de fusil, une population hostile et frémissante, que pour la réduire à coups de canon une fois soulevée ?

Qu’on me permette d’évoquer à ce sujet le souvenir d’un commandant d’infanterie de marine. Chargé, il y a un an, de soumettre une région sakalave insurgée, il s’était fait une loi absolue d’épargner, de pacifier, de ramener cette population. Je le revois abordant un village hostile, et, malgré les coups de fusil de l’ennemi, déployant toute son autorité à empêcher qu’un seul coup ne partit de nos rangs, et y réussissant, ce qui, avec des tirailleurs sénégalais, n’était pas facile. Je le