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troupes n’ont plus qu’un rôle de police qui passe bientôt à des troupes spéciales, milice et police proprement dite ; mais il est sage de mettre à profit les inépuisables qualités de dévouement et d’ingéniosité du soldat français. Comme surveillant de travaux, comme instituteur, comme ouvrier d’art, comme chef de petit poste, partout où l’on fait appel à son initiative, à son amour-propre, à son intelligence ; il se montre à hauteur de sa tâche. Et il ne faudrait pas croire que cet abandon momentané du champ de manœuvre soit préjudiciable à l’esprit de discipline et aux sentiments du devoir militaire. Le soldat des troupes coloniales est assez vieux, en général, pour avoir parcouru maintes fois le cycle des exercices et n’avoir plus grand’chose à apprendre dans les théories, et assouplissements auxquels on exerce les recrues de France.

Les services qu’on réclame de lui, au contraire, entretiennent une activité morale et physique qui est décuplée par l’intérêt de la besogne qui lui est confiée.

En outre, en intéressant ainsi le soldat à notre œuvre dans le pays, on finit par l’intéresser au pays lui-même. Il observe, il retient, il calcule même et, souvent, au moment de sa libération, il sera décidé à mettre en valeur quelque coin de terre, à utiliser dans la colonie les ressources de son art, à la faire bénéficier, en un mot, de son dévouement et de sa bonne volonté. Il devient un des plus précieux éléments de la petite colonisation, complément indispensable de la grande.