Page:Lyautey - Du role colonial de l armee, Armand Colin, 1900.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échapper cette occasion d’apprendre quelque chose sur sa méthode et sur son œuvre. « Oh ! me fut-il répondu, le colonel P…, j’ai marché avec lui. Au combat, il se préoccupait bien moins de l’enlèvement du repaire que du marché qu’il y établirait le lendemain. » Sans le vouloir, ce jeune homme, qui croyait faire une critique, avait trouvé la formule de la guerre coloniale, car lorsqu’en prenant un repaire, on pense surtout au marché qu’on y établira le lendemain, on ne le prend pas de la même façon.

Et lorsqu’on conquiert avec cet état d’esprit, certains mots ne gardent plus exclusivement leur signification militaire :

La route, alors, n’est plus seulement la « ligne d’opérations », la « route d’invasion », mais la voie de pénétration commerciale de demain. Tel plateau, aux bonnes communications, aux abords faciles, ne vaut plus seulement comme position stratégique ou tactique, mais comme centre de relations économiques, comme emplacement d’un marché prochain, et tout s’y fait en conséquence. Telle riche plaine n’est plus seulement un point de ravitaillement militaire, mais un centre de ressources et de cultures à ménager, à gérer immédiatement en bon père de famille.