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charrue, isoler le sol conquis, l’enclore, puis y semer le bon grain qui seul le rendra réfractaire à l’ivraie. De même de la terre livrée à la piraterie ; l’occupation armée, avec ou sans combat, y passe le soc ; l’établissement d’une ceinture militaire l’enclôt et l’isole ; enfin la reconstitution de la population, son armement, l’installation des marchés et des cultures le percement des routes, y sèment le bon grain et rendent la région conquise réfractaire au pirate, si même ce n’est ce dernier qui, transformé, coopère à cette évolution.


En exposant cette méthode à M. le gouverneur général Rousseau, le général Duchemin, commandant en chef le corps d’occupation, trouvait à qui parler. Rien ne le prouve mieux que le passage suivant d’une lettre où, à son tour, M. Rousseau donnait au gouvernement métropolitain les grandes lignes du système tel qu’il était appliqué au Tonkin :


La mission que remplit aujourd’hui notre corps d’occupation consiste avant tout à assurer la protection de la frontière et à procéder à la reconstitution sociale et à la remise en valeur de la haute région du Tonkin, organisée en territoires militaires, les expéditions et l’emploi de la force passant au dernier plan.

En arrière de la frontière existe une vaste région ravagée par vingt ans de piraterie, terrain vague qui constitue un danger constant s’il reste à l’état inor-