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de sorte que je descendis, et me mis à tisonner mon feu et à fumer, attendant bravement que mon compagnon voulut bien venir causer et boire un verre de cidre avec moi. Mais non, il ne voulut point approcher, mais il continua ses malices. Voilà qu’on déplace et traîne la grande table, dans la chambre, au dessus de moi ; puis, toutes les assiettes, tous les verres, les plats du buffet sont jetés sur le plancher, et brisés en mille morceaux ! je prends une trique et je monte en toute hâte, m’attendant à trouver la chambre jonchée de débris. Mais non, rien ! La table était à sa place, et dans le buffet, rien n’avait bougé. Oh ! j’étais furieux, et avec mon bâton, je frappais le plancher et la table, et je jurais, et je criais : — « N’importe qui est là, homme, lutin ou diable, qu’il se montre ou qu’il parle, au moins, s’il ne veut pas se montrer ; qu’il dise ce qu’il veut, et nous verrons, car il y a ici un gars qui n’a pas peur, et qui lui parlera en face. Hé ! bien donc, poltron ! lâche ! tu ne te montreras pas ?

Et je criais et je jurais plus fort, et ne savais guère ce que je disais. Mais, rien ne se montrait, rien ne répondait, et je descendis, en maugréant et en jurant de belle sorte.

Puis, je me calmai un peu ; je craignis d’être allé trop loin, d’en avoir trop dit, et je commençai d’avoir peur. Je repassai dans ma mémoire tout ce que j’avais entendu raconter de ces génies malicieux et méchants, bons et