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comme chacun de vous pourrait le dire là, auprès du feu. Je me retournai du côté d’où venait la voix, et je dis sur le même ton, et avec assurance : — Quoi ! Qui m’appelle ? Mais, pas de réponse, et j’eus beau regarder de tous côtés, je ne vis personne. Je ne m’en inquiétai pas davantage, et je continuai ma route. Mais, bientôt la même voix dit encore, et plus près de moi : — Pipi ! — Eh ! quoi donc, mille diables ! Que me veux-tu ? Pas de réponse encore. — L’imbécile qui est là et qui cherche à me faire peur, perd sa peine, et ferait bien de répondre et de se montrer, autrement, je pourrais bien l’aller chercher, et alors, il s’en repentirait ! dis-je, d’un ton menaçant. Rien ne répondait ni ne se montrait toujours, et je me remis à marcher, d’assez mauvaise humeur. — Pipi ! — cria-t-on une troisième fois, plus fort et plus près de moi. J’étais en colère ; je coupai un fort bâton dans un buisson de coudrier, et je me mis à battre le bois en tous sens, en jurant et en maugréant : — Montre-toi donc, poltron ! lâche ! malheur à toi, si je te trouve ! Mais, je ne trouvai rien, et je m’en allai, furieux, toujours maugréant et jurant. J’étais sorti du taillis, et je continuais de suivre le sentier, à travers la prairie ; je n’avais plus autour de moi ni buissons, ni arbres, ni quoi que ce soit où quelqu’un pût se cacher. Tout à coup, on fit à mon oreille : hem ! comme si quelqu’un était sur mes talons, ou contre mon épaule. Je me retournai vivement, prêt à jouer