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égaré, et quelquefois noyé des gens ivres, ou des téméraires qui les avaient poursuivis, en voulant les atteindre.

— Ces feux phosphorescents se déplacent et s’éloignent quand on les approche et semblent défier et narguer celui qui s’engage à leur poursuite ; et je comprends très-bien que des gens ivres et d’autres aussi, se laissant entraîner trop loin, aient pu se noyer dans des étangs, ou s’engager dans des marais dont ils ne pouvaient plus sortir. Et c’est ainsi que Paotrik he skod tan a été accusé d’une foule de scélératesses et de malices de ce genre.

— Il est bien vrai, dit Katel, que le bois pourri brille et luit dans l’obscurité et occasionne beaucoup de frayeurs et de récits dans le genre de celui de Fancho.

Je vais vous raconter une petite aventure qui le prouve suffisamment, et dont j’ai été témoin. Ceci se passait au couvent des Ursulines de Morlaix, où j’étais alors pensionnaire. J’avais quatorze ou quinze ans. Ce couvent avait été autrefois un cloître de moines franciscains, je crois. Il y avait, contre la vieille chapelle, un ossuaire, comme il y en avait autrefois dans presque tous les cimetières de Basse-Bretagne, et comme il en existe dans beaucoup encore. On entassait dans ces ossuaires les crânes et tous les ossements que le fossoyeur déterrait, en creusant de nouvelles fosses, dans le cimetière. Notre ossuaire était bien garni, et l’on y voyait, entre les balustres de pierre,