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brilleront aussi dans l’obscurité, et cette flamme bleuâtre, qui jouera autour d’eux, ne vous causera aucune brûlure, aucune douleur.

— Allons ! jusqu’à présent, dit Ar Meur, je n’avais jamais entendu parler de feu qui ne brûle point, et pour nous assurer qu’on ne se moque pas de nous, puisque nous avons ici des allumettes, nous allons en faire l’expérience, sur-le-champ.

On mit des allumettes à l’air, dans l’obscurité, on s’en frotta les mains, et tout se passa comme Francès l’avait dit.

— Et Paotrik he skod tan ? dit Marianna. J’ai toujours entendu dire que c’est un petit lutin, qui tient à la main un tison allumé, et qui voltige comme un papillon de nuit, au-dessus des prairies et des marais, en brandissant son tison. Est-ce que ce n’est pas vrai ?

— Pas précisément, répondit Francès. Voici ce que c’est que ce lutin si léger et si fantasque. C’est encore du phosphore, qui se dégage des marais et généralement de tous les lieux humides ; et les lumières que l’on aperçoit encore près des fontaines et dans les cimetières, et que l’on prend souvent, les premières, pour les génies des sources, les secondes, pour des âmes voltigeant au-dessus des tombes où elles viennent visiter leurs corps, ne doivent pas s’expliquer d’une autre manière.

— J’ai cependant entendu dire, reprit Marianna, que ces mauvais esprits ont souvent