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— Ah ! par exemple, un tronc de hêtre ! vous vous moquez de nous, Fancho, dit Paotrik Guyon ; nous ne sommes pas encore assez simples pour qu’on nous fasse croire qu’un tronc de hêtre brille comme des chandelles ; à moins pourtant qu’on y eût mis le feu.

— Rien n’est cependant plus vrai, et je ne me moque de personne, Paotrik, répondit Fancho.

— Moi, j’y crois parfaitement, dit Francès, et cela s’explique le plus naturellement du monde, aussi bien que Paotrik he skod lân, dont quelqu’un a prononcé le nom. Le bois pourri laisse dégager du phosphore, l’été, et le phosphore brûle à l’air et brille dans l’obscurité.

— Je ne sais pas ce que c’est que du phosphore, reprit Fancho, mais je sais bien que cette lumière avait quelque chose de particulier et ne ressemblait pas aux autres lumières, flammes ou feux que nous voyons tous les jours. J’eus la curiosité d’en approcher la main, et je ne sentis aucune chaleur, de sorte qu’alors je mis la main dessus, et la flamme s’attacha à ma main, mais sans me brûler.

— C’est parfaitement cela, reprit Francès. Et tenez, une expérience que tout le monde peut faire : prenez une ou plusieurs allumettes chimiques à la fois, mettez-les dans l’obscurité, et aussitôt vous en verrez briller l’extrémité qui est enduite de phosphore. Touchez cette même extrémité avec les doigts, vos doigts