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— On raconte sur ce château de Kercabin, dit Pipi Ar Morvan, une foule d’histoires, toutes plus ou moins étranges. Le propriétaire actuel est un de mes amis d’enfance ; je l’ai toujours connu un homme résolu, décidé, et paraissant peu croire aux revenants. Que dit-il aussi du cheval de Margéot ?

— Il l’a fait jurer plus d’une fois, lorsqu’arrivant sur son perron, dans l’espoir de serrer la main d’un parent ou d’un vieil ami, qui lui venait demander l’hospitalité, il voyait la cour déserte et rentrait en disant comme les autres : « C’est encore ce maudit Margéot ! »

— Mais voici quelque chose de plus plaisant, puisque nous parlons des hôtes mystérieux de Kercabin.

— Vas-tu nous parler de la Demoiselle de la chambre blanche ? demanda Francès.

— Précisément. Tu connais l’histoire, toi, mais les autres ici ne la connaissent pas ; laisse-moi donc la leur conter.

Kercabin dut être autrefois une habitation noble assez importante. C’est du moins l’idée que nous en donnent quelques débris épars de ci, de là, des chapiteaux, des tronçons de colonnes de granit, des écussons héraldiques, et de grands lions lampassés sculptés en relief sur la pierre des manteaux de cheminées. De vieilles traditions et des fragments de ballades populaires se conservent aussi dans la mémoire des plus anciens de la commune de Plouëc,