répondait celui-ci, mais, prends courage, nous approchons.
— Donne-moi à manger, ou je vous laisse tomber.
Et Cado coupa une de ses fesses, et la donna à l’aigle.
— C’est bon, dit-il, mais c’est bien peu de chose. Et un instant après, il disait encore :
— Donne-moi à manger, je n’en puis plus.
— Je n’ai plus rien, ma pauvre bête : du courage ! encore quelques coups d’ailes et nous sommes rendus.
— Donne-moi à manger, te dis-je, ou je vous laisse tomber.
Et Cado coupa son autre fesse, et la donna à l’aigle. Puis, il coupa, l’un après l’autre, ses deux mollets, et les lui donna également.
Enfin, ils arrivèrent aussi à la cabane de l’ermite. Il était grand temps ! car le pauvre aigle n’en pouvait plus, et Cado lui-même était si faible, si faible, qu’il paraissait sur le point de mourir. Mais, dès qu’ils touchèrent la terre, la princesse le frictionna avec des herbes qu’elle cueillit dans le bois, et aussitôt ses fesses, ses mollets et ses forces lui revinrent.
Ils passèrent tous les trois la nuit dans la cabane de l’ermite, partagèrent son frugal repas, couchèrent sur un lit de mousse et de feuilles sèches, ramassées dans le bois, et le lendemain matin, ils se mirent en route, après avoir fait leurs adieux au vieux solitaire. Celui-ci leur dit qu’il espérait les revoir un jour, dans