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— Je ne demande pas mieux, car je voudrais bien quitter cette île, d’où je ne suis jamais sortie, et voir du pays.

Cado prit l’onguent, s’en frotta tout le corps, à plusieurs reprises, et au bout de vingt-quatre heures il était complètement guéri ; ses membres ne tremblaient plus.

La princesse lui dit, alors : — Demain, nous partirons, à midi précis, pendant que mon père dormira ; tous les jours, il fait un somme, à midi. Nous monterons tous les trois sur l’aigle, car ma suivante viendra aussi avec nous. Quand mon père se réveillera, il s’apercevra aussitôt de ma fuite. Il ira, alors, à son écurie, montera sur son dromadaire, qui est plus rapide que le vent, et se mettra à notre poursuite. Mais, nous aurons sur lui une forte avance, et il ne pourra pas nous atteindre. Reste là, sous l’arbre, jusqu’à demain. Nous deux nous allons rentrer au château, pour passer la nuit. Nous ferons aussi tuer et dépecer un bœuf, pour donner à manger à l’aigle.

La princesse et sa suivante rentrèrent donc au château, et Cado passa la nuit sous l’arbre, au bord de la fontaine.

Le lendemain, à midi précis, les deux femmes vinrent le rejoindre. Il appela son aigle, qui arriva aussitôt. On commença par placer sur son dos le bœuf dépecé, puis ils montèrent tous les trois dessus, et l’oiseau s’éleva alors en l’air, assez péniblement, il est vrai, car il était trop chargé.