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Et les voilà de se mettre tous les trois au travail, fouissant et rejetant la terre, le sanglier, avec son groin, les deux autres, avec leurs griffes, tant et si bien, que l’arbre fut déraciné et abattu. Les trois animaux se jetèrent alors sur le pauvre Cochenard, et le dévorèrent.

Cependant, comme il n’était pas rentré au palais, la nuit, et qu’il n’avait prévenu personne de son absence, on était inquiet de lui. On le chercha partout : mais, ce fut en vain. Turquin eut alors le pressentiment de ce qui était arrivé : — Le malheureux sera allé passer la nuit sur l’arbre de la forêt, pensa-t-il.

Il courut à la forêt, et, en voyant l’arbre renversé, la terre labourée par les griffes des animaux, et quelques ossements épars aux environs, il n’eut plus aucun doute sur le malheur qui était arrivé. Il avait bon cœur, et pleura sincèrement son frère.


— Le conte du Pont de Londres ressemble à celui-là, dit Garandel.

— Le savez-vous, Garandel ? lui demanda Francès.

— Je le sais, répondit-il.

— Eh ! bien, résumez-le nous, en quelques mots.

— Je le veux bien. Voici donc : — Deux marchands, deux frères, Robert et Olivier, passaient un jour sur le pont de Londres, avec leurs chevaux chargés de marchandises. —