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on se demandait ce que signifiait tout cela. En rentrant au palais, Turquin présenta Cochenard, dans l’état repoussant et horrible où il se trouvait, à sa femme et à sa belle-sœur, en disant : — Voici mon frère Cochenard, que je vous présente.

Elles poussèrent des cris d’horreur et détournèrent les yeux. S’adressant alors à sa belle-sœur, il lui demanda :

— Belle-sœur, vous me feriez plaisir si vous vouliez épouser mon frère Cochenard, que voici.

La belle-sœur fit une singulière grimace : pourtant, elle répondit :

— Je veux bien l’épouser, mon beau-frère, pour vous faire plaisir, et parce qu’il est votre frère.

Alors, Turquin conduisit Cochenard dans le jardin, au bord de l’étang, le lava, le frotta avec l’écorce de l’arbre, et ses plaies disparurent, et il devint un fort bel homme. Puis, il lui donna de ses habits, qui lui allaient parfaitement, et le présenta de nouveau à sa belle-sœur, en lui disant :

— Voici votre fiancé !

Et elle ne fit plus la grimace, en voyant un si bel homme.

Le mariage se fit sans délai. Il y eut une belle noce, des festins et des jeux, et les deux frères et leurs femmes habitèrent ensemble le château, dans la plus parfaite union.