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sa fille, aussi aimable que belle, ajoutait-il, l’y attendaient, pour lui en faire les honneurs.

Turquin remercia les Luxembourgeois de l’accueil qu’ils lui faisaient, et répondit au préfet qu’avant de prendre possession du château, il désirait avoir une compagne, pour l’habiter avec lui, et que son intention était de la prendre dans la ville même de Luxembourg. Il le pria, en conséquence, d’inviter toutes les jeunes Luxembourgeoises de quinze à vingt ans à se réunir, le lendemain, sur la grande place de la ville, devant la fontaine du rocher, afin qu’il pût faire son choix.

Comme on pensait que Turquin ne pouvait prendre pour femme qu’une jeune fille d’une des meilleures et des plus riches familles, et que son choix tomberait, sans doute, sur la fille du préfet, on n’avait convoqué que les filles des autorités de la ville. Le lendemain, à l’heure convenue, elles arrivèrent sur la place désignée, avec tous leurs atours, et toutes plus belles et plus certaines de la victoire les unes que les autres.

La fille du préfet était en tête, toute resplendissante de diamants, et parée comme une princesse. On les disposa sur un seul rang, tout autour de la place, et Turquin, passant lentement devant elles, comme un général qui passe ses troupes en revue, les examina toutes, jusqu’à la dernière, sans s’arrêter devant aucune, ce qui déplut beaucoup à plus d’un père et à plus d’une mère, mais surtout au préfet