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fois le rocher, en disant : — de l’eau ! de l’eau ! de l’eau ! — Et aussitôt l’eau jaillit avec abondance, et claire et limpide. La jeune fille en remplit son pot, et retourna à la maison, accompagnée de Turquin. La nouvelle se répandit bien vite qu’un étranger, un mendiant, que personne ne connaissait, avait fait jaillir une source d’eau claire et limpide du rocher, et on accourait de tous les côtés avec des pots et des vases de toute sorte, et l’on ne voyait partout que des gens qui buvaient de l’eau et poussaient des cris d’allégresse.

Quand tout le monde fut désaltéré, on s’occupa aussi de rechercher l’inconnu à qui la ville entière devait son salut.

On finit par le trouver, chez la jeune fille pauvre.

Le curé, le préfet, le maire et toutes les autorités de la ville l’y vinrent visiter, et voulurent l’emmener en triomphe, et musique en tête. Mais, il leur dit : — Non, — vous m’avez refusé un morceau de pain, lorsque je me suis présenté au seuil de votre porte, et, sans cette jeune fille qui a partagé avec moi le peu qu’elle avait, je serais mort de faim. Je resterai donc auprès d’elle, pour reconnaître le service qu’elle m’a rendu.

Les autorités et les riches habitants de Luxembourg craignaient que Turquin ne leur enlevât la fontaine merveilleuse, aussi facilement qu’il la leur avait procurée, et ils le supplièrent, à genoux, de les excuser, et