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scène fantastique, où l’on voit intervenir le diable et un ange descendu du ciel, il parvint à faire entrer volontairement le recteur dans le sac, afin de le porter en paradis, disait-il ; puis, il le traîna par un chemin jonché de cailloux, de ronces et d’épines, et enfin, dans une mare bourbeuse et puante. Le pauvre homme gémissait et se plaignait. Mais, Bilz, qui remplissait l’office de l’ange envoyé du ciel, lui répondait : — Hélas ! M. le recteur, la route du paradis est ardue, étroite et parsemée de ronces et d’épines, comme vous l’avez dit souvent, dans vos sermons.

Le pauvre Dom Ian se résignait, en vue d’une récompense éternelle. Cette course diabolique finit dans une crèche à porcs, où le méchant garnement abandonna le sac et son contenu, en disant : — Vous voilà arrivé, M. le recteur ! Puis, il alla appeler le seigneur et ses valets et tous les habitants du village, pour jouir de la confusion de l’infortuné Dom Ian Kerminihi.

— C’est là un vilain tour à jouer à un prêtre, dit Séraphine.

— Certainement, mais il n’en est pas moins vrai qu’il est dans le conte, et que c’est même celui dont l’auditoire s’amuse le plus, ordinairement.


Un vieux mendiant errant du nom de Iann Gourlaouën, venu demander l’hospitalité, à la tombée du jour, comme il en arrivait deux ou