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se trouve le palais de la sirène aux diamants. Et le seigneur prit son élan et sauta, sans hésiter, à l’endroit indiqué. Il disparut aussitôt ; pourtant, il élevait la main au-dessus de l’eau et faisait des signes de détresse, pour appeler au secours.

— Il me fait signe de l’aller rejoindre, dit sa femme, en voyant cela.

Et elle sauta aussi dans l’eau et disparut. Sa fille se disposait à en faire autant, lorsque Bilz l’arrêta et lui dit :

— Holà ! assez de noyades comme cela ! Je ne veux pas vous laisser aller rejoindre ces deux vieux imbéciles, jeune et jolie comme vous l’êtes. Vous n’avez plus ni père ni mère ; il vous faut un mari, pour vous protéger et administrer vos biens ; faites de moi le seigneur du Kerouez, et vous pourrez vous vanter de n’avoir pas un sot pour mari, comme vous êtes fort exposée à en avoir un, si vous me repoussez.

Bilz était beau garçon, et la demoiselle ne dit pas non. Leurs noces furent donc célébrées, sans retard.

La châtelaine du château aux mille mottes, la vieille mère de Bilz, fut si heureuse de voir son fils faire un si bon parti, et devenir seigneur du Kerouez, qu’elle but un doigt de vin de trop, et, oubliant son âge, elle dansa, comme le jour de ses propres noces.

Il y eut, pendant huit jours pleins, des festins continuels et des danses et des jeux de