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renoncer à sa promenade ordinaire, ce qui lui serait fort désagréable. On convint donc qu’il serait jeté en sac dans l’étang du château, pour y être noyé.

Le pauvre Bilz, dans son sac, fut donc chargé de nouveau sur un cheval, et l’on se dirigeait avec lui vers l’étang, qui se trouvait à quelque distance, le seigneur, sa femme et leur fille suivant et se promettant beaucoup de plaisir, lorsque midi sonna. C’était l’heure du dîner, au château.

— Voilà midi, l’heure du dîner ! dit le seigneur. Retournons dîner, au château, nous aurons ensuite plus de plaisir à voir noyer Bilz.

— Vous avez, ma foi ! raison, dit la dame, allons dîner, d’abord.

Et Bilz fut descendu de dessus le cheval et déposé, toujours dans son sac, contre un talus, au bord du grand chemin. Puis, nos gens allèrent dîner.

Cependant, le pauvre Bilz se livrait à de tristes réflexions, dans son sac. Hélas ! toutes ses finesses se trouvaient en défaut, pour le moment. Il se réjouissait néanmoins d’être laissé seul, et ne désespérait pas de se tirer encore de là.

Bientôt il entendit du bruit, sur la route. C’était un marchand, conduisant plusieurs chevaux chargés de marchandises. Une idée lumineuse lui vint. Il se mit à crier de toutes ses forces : — Non, je ne la prendrai pas !