Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commencèrent bientôt à parler haut et à chanter, ce qui indiquait qu’ils avaient visité le contenu du panier. Quand Bilz jugea le moment favorable, il lâcha le lapin. Et le chien de courir après, en aboyant, et lui de crier : — Au lièvre ! au lièvre !… Les deux hommes, qui étaient des chasseurs passionnés, sortirent précipitamment et poursuivirent le lapin, sans songer au pâté.

Bilz, qui guettait ce moment, entra aussitôt dans le fournil, ouvrit le four, enleva le pâté et déposa à sa place, dans la terrine, un autre pâté de sa façon et qui ne sentait pas la rose.

Quand les deux valets, fatigués de poursuivre le lapin, revinrent au fournil, ils burent d’abord un coup, puis, ils songèrent à s’assurer si Bilz n’était pas venu, pendant leur absence. Mais, voyant la bouche du four bien close, avec la pierre qui la fermait garnie d’argile sur les bords, pour empêcher l’air de pénétrer (car Bilz avait tout remis en l’état où il se trouvait auparavant), ils se dirent : — Nous avons de la chance que Bilz n’ait pas profité de notre absence, pour enlever le pâté ; à présent, il peut venir, quand il voudra, c’est trop tard.

Et ils burent encore un coup.

Le lendemain matin, le seigneur et sa dame vinrent ensemble au fournil, pour avoir des nouvelles du pâté.

— Eh ! bien, dirent-ils aux valets, Bilz n’est pas venu ?

— Non certainement, monseigneur, et il a