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— C’est bien, répondit la vieille ; mais prends garde, mon pauvre fils, ou tu finiras pour sûr par te faire pendre.

— Soyez donc tranquille à ce sujet, ma mère, car, comme je vous l’ai déjà dit, bien fin sera celui qui me pendra, et ce ne sera certainement pas le seigneur du Kerouez.

Le seigneur arriva, comme l’avait dit Bilz. Il entra brusquement et l’air mécontent.

— Bilz est-il à la maison ? demanda-t-il à la vieille.

— Non vraiment, mon bon seigneur ; il est sorti, ce matin, de bonne heure, et ne m’a pas dit où il allait.

— Le mauvais drôle ! Malheur à lui, si je le trouve !

— Jésus mon Dieu ! mon bon seigneur, que vous a-t-il donc fait, le mauvais garnement ?

— Il m’a volé, la nuit dernière, ma haquenée blanche de mon écurie.

— Voyez donc le mauvais sujet ! si vous saviez, mon bon seigneur, le mal que j’ai eu à élever cet enfant-là, et comme j’ai prié le bon Dieu et le bienheureux saint Gily de faire de lui un bon chrétien et un honnête homme !

— Eh ! bien, la mère, vous avez joliment perdu votre temps, car c’est le plus méchant polisson de tout le pays ; si je mets la main sur lui, je le ferai pendre devant la porte de mon château.

— Ah ! mon bon seigneur, qu’une mère est malheureuse d’avoir un tel enfant ! Mais, ayez