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dites-moi, je vous prie, quel métier doit prendre mon fils Bilz ?

— Voleur ! cria Bilz, à haute voix, de derrière la statue.

— Jésus mon Dieu ! s’écria la vieille avec douleur… Mais, j’ai sans doute mal entendu et elle reprit : — Bienheureux monseigneur saint Gily, je vous prie de vouloir bien me dire quel métier doit prendre mon fils Bilz !

— Voleur ! voleur ! cria encore Bilz, plus fort.

La pauvre femme, toute désolée, les larmes aux yeux, déposa sa seconde crêpe aux pieds du saint, et dit : — Tenez, bienheureux monseigneur saint Gily, voici encore une bonne crêpe aux œufs, que j’ai faite exprès pour vous, et j’y ai mis tout mon savoir-faire ; acceptez-la et donnez-moi une meilleure réponse, je vous prie.

Et elle marmotta encore une prière, les yeux baissés à terre. Bilz prit la seconde crêpe et la mangea comme la première. Marc’harit levant des yeux suppliants et remplis de larmes vers le saint, lui demanda de nouveau :

— Bienheureux monseigneur saint Gily, vous qui êtes aujourd’hui dans le paradis, en la présence de Dieu et dans la société de tous les vieux saints de la Basse-Bretagne, ayez pitié d’une pauvre vieille femme qui met toute sa confiance en vous et vient vous demander conseil. Dites-moi, je vous prie, quel métier doit prendre mon fils Bilz ?