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C’était partout de semblables reproches, et la pauvre Marc’harit rentrait avec son bissac plus léger de jour en jour. Si bien qu’elle dit un jour à son fils :

— Il n’y a pas à dire, il faut que tu te décides à travailler, pour gagner ton pain ; il faut apprendre un métier. Que veux-tu être, laboureur, charpentier, maçon, tailleur ?…

— Je sais un meilleur métier que tout cela, ma mère, et c’est celui-là que je veux prendre.

— Lequel donc, mon fils ?

— Voleur, ma mère.

La pauvre Marc’harit, à cette réponse, joignit ses deux mains, leva les yeux vers le ciel et s’écria :

— Jésus, mon Dieu, est-il possible ?

— Je ne connais pas de meilleur métier au monde, ma mère, et c’est celui que je choisis. D’ailleurs, vous avez un frère qui est grand voleur, vous le savez bien, et je veux aller apprendre le métier avec lui.

— Bienheureux seigneur saint Gily, et vous tous les vieux saints du pays, s’écria la vieille, vous ne permettrez pas que mon fils soit voleur de profession !

— Eh ! bien, ma mère, reprit Bilz, puisque vous avez tant de confiance en saint Gily, et qu’il ne se passe guère de jour que vous n’alliez lui rendre visite, dans sa chapelle, allez le consulter sur le métier que je dois prendre, et je ferai comme il dira. Mais, pour vous le rendre favorable, je pense que vous feriez bien