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Il y avait autrefois une pauvre femme restée veuve avec un fils. Ils habitaient à Penn-an-Menez, dans la commune de Plouaret, une misérable hutte construite au bord du chemin avec des branchages d’arbres, des fougères sèches et des mottes de terre, et que l’on appelait pour cette raison le château des mille mottes. Ils vivaient d’aumônes, de la charité des bonnes âmes, et tous les jours, ils allaient ensemble mendier de porte en porte, dans les manoirs et les fermes de Plouaret et de Plounévez-Moëdec.

Le jeune garçon, qui se nommait Bilz, était éveillé et intelligent. Il arrivait souvent que, dans ses tournées, il dérobait des pommes et des poires, dans les courtils et les vergers, prenait les œufs dans les nids de poules et mettait lestement dans ses poches quelques crèpes de sarrazin, quand les ménagères n’avaient pas l’œil sur lui. Sa mère l’en gourmandait bien ; mais, c’était peine perdue. Il disait que ses mains seules étaient coupables, qu’il ne pouvait pas les retenir et qu’elles travaillaient toutes seules.

Cependant, on se plaignait de tous les côtés à la bonne femme, et, comme Bilz avait déjà douze ans ou davantage, on lui disait : — Vous voulez donc que votre fils mendie toute sa vie, Marc’harit ? Il y a assez de fainéants de cette sorte qui courent le pays. Faites-lui apprendre un métier, et qu’il travaille pour gagner son pain, comme tout le monde.